En 2024, la coopérative renforce sa mobilisation grâce à son intégration au Projet d’Appui au Développement du Cacao (PAD-CACAO) : un programme mené par le ministère de l’Agriculture et du Développement Rural qui vise à développer la culture du cacao au Cameroun.
Afin de déterminer ses axes d’intervention, le projet PAD-CACAO a déployé une équipe de Coordination Nationale à Ihund, siège de la coopérative, le 22 et 23 mai 2024, pour mener un diagnostic participatif auprès des membres de l’association.
Les objectifs et le déroulement du diagnostic
Au travers d’échanges et de partages d’expériences, ce diagnostic participatif avait pour but de :
- collecter des données socio-économiques des membres de la coopérative pour adapter les actions à mener ;
- cerner les difficultés majeures rencontrées par les productrices et recueillir leurs suggestions ;
- définir un plan d’actions pour atteindre les objectifs de la coopérative.
Pour rencontrer un maximum de cacaocultrices, les membres de l’équipe de Coordination Nationale se sont rendues à Ihund, ainsi que dans les trois antennes de la coopérative : Iaakok, Pendjock et Ndog Njé (fusionnée avec Ihund).
Animation des Femmes Rurales de l’antenne de Iaakok
Les deux journées d’échanges ont été organisées en collaboration avec le Conseil Interprofessionnel du Cacao et du Café (CICC), qui accompagne déjà la coopérative dans son développement.
Chaque participante a rempli une fiche d’identification très complète afin de collecter les informations suivantes :
- l’identification de la productrice,
- ses données de production, de transformation et de commercialisation,
- ses habitudes financières,
- les difficultés rencontrées et d’éventuelles suggestions à mettre en place.
Remplissage des feuilles d’identification à Iaakok
La collecte de ces informations avait pour but d’identifier les activités génératrices de revenus, recenser les problèmes de production, prioriser les cultures les plus rentables et ainsi définir un plan d’action pour la réalisation des objectifs de la coopérative.
Les résultats du diagnostic
À cause d’un mauvais réseau téléphonique dans la région, seules 24 femmes sur les 50 attendues ont reçu l’invitation et ont donc participé à ces réunions.
Toutefois, l’analyse des données collectées a tout de même permis de définir de grandes tendances socio-économiques parmi les membres de la coopérative. Voici quelques chiffres :
- seules 17 % des membres ont moins de 35 ans (la pénibilité du travail est donc à prendre en compte dans les futures actions à mettre en place) ;
- 61 % des membres ont un niveau d’études primaires et 35 % un niveau d’études secondaires ;
- 7 femmes dépendent financièrement de leurs proches ;
- 100 % des femmes de la coopérative vivent de la commercialisation des produits agricoles, seulement 4 % pratiquent l’élevage (Les champs de cacao ne sont pas encore tous en production : les femmes vivent donc de leurs autres cultures comme le manioc, le macabo, l’igname, la banane plantain…) ;
- 74 % des ressources financières viennent des fonds propres des productrices ;
- 40 % des membres épargnent leurs ressources après les ventes et 35 % disposent d’un compte bancaire personnel ;
- 91 % des membres s’acquittent de leurs obligations financières telles que les frais d’adhésion et de cotisations annuelles ;
- 70 % de la main d’œuvre est familiale, seulement 30 % a le statut de salarié temporaire.
Les points forts
Chaque productrice dispose d’une à quatre parcelles de cultures vivrières en moyenne, ainsi que d’un hectare de cacaoyers. Selon les quantités produites dans chaque antenne, le diagnostic a permis d’identifier les cultures à intensifier pour mettre en commun la commercialisation (majoritairement le manioc et le maïs).
L’enquête a aussi permis d’identifier les ressources naturelles qu’offre la zone rurale d’Ihund et les opportunités en matière de revenus supplémentaires que cela pourrait créer une fois mises en valeur.
Les principales difficultés
Néanmoins, elle a aussi révélé d’importantes difficultés rencontrées par les productrices. Celles-ci mentionnent notamment l’infertilité du sol (parfois renforcée à cause de la pratique d’une agriculture sur brulis), la présence d’insectes et de nuisibles qui détruisent les récoltes, d’importantes pertes, surtout sur les parcelles cultivées en polyculture, la mauvaise qualité des semences, ainsi qu’un outillage ancien et peu adapté.
Côté commercialisation, les activités de vente en groupe sont en cours de construction, mais les productrices déplorent le mauvais état des routes et la rareté des moyens de transport qui rendent la commercialisation difficile.
Echanges et partage d’expériences sur les problématiques de production
Plan d’action et axes d’intervention
Un plan d’action déjà établi avec le Conseil Interprofessionnel du Cacao et du Café a pour but d’accompagner la coopérative pendant 3 ans sur tous les aspects de développement de leur activité :
- gestion d’entreprise, leadership, gestion administrative, financière, négociation,
- entretien des équipements et des infrastructures,
- connaissances et techniques sur la culture du cacao (agrosystème du cacaoyer, productivité, régénération d’une cacaoyère, techniques de transformation, conservation et conditionnement…),
- environnement et qualité (gestion durable de l’environnement, sensibilisation à la traçabilité du cacao, exigences sanitaires…).
Grâce au diagnostic et à toutes les données collectées, l’équipe du PAD-CACAO a décidé de concentrer son accompagnement sur l’approvisionnement en semences performantes ainsi que sur le renforcement des connaissances agricoles des Femmes Rurales du Littoral.
Une belle avancée pour la coopérative, et des actions dont nous ne manquerons pas de suivre les résultats dans les mois à venir !
Les Femmes Rurales du Littoral au siège de la coopérative à Ihund